VENT PRINTANIER
La rafle du Vel' d'Hiv', le "Jeudi noir" comme l'appellent les Juifs, l'opération "Vent printanier" selon le code allemand, fut la plus grande rafle que Paris ait connue.
Depuis 1307 où le roi de France, Philippe IV le Bel, fit prisonnier 138 moines de l'ordre des Templiers et depuis la nuit de la Saint-Barthélemy en 1592 où plus de 3.000 protestants furent arrêtés et exécutés, Paris n'avait subi d'opération de police d'une telle envergure.
Pourquoi cette rafle marque-t-elle un tournant dans l'histoire de la Shoah en France ?
La gendarmerie, la garde mobile, la police judiciaire, les renseignements généraux, la voie publique collaborent à l'opération "vent printanier". Ce sont tous des fonctionnaires français. 888 équipes d'arrestation sont sur pied de guerre, toutes les permissions sont supprimées, de même que les cours de l'école de Police afin que ses élèves prennent part à ces "travaux pratiques" !...
Chaque équipe reçoit des consignes très claires, des listes, des adresses.
Aucun Allemand ne participe aux arrestations et les Juifs, bien souvent, sont rassurés par le képi et l'uniforme français, les ordres sont donnés en français, le comportement correct des policiers français. Ils ne peuvent imaginer la suite ... et tombent dans le piège.
Au conseil des ministres le 10 juillet 1942, présidé par Philippe Pétain, Pierre Laval, dira : "Dans une intention d'humanité, j'ai obtenu – contrairement aux premières propositions allemandes – que les enfants, y compris ceux de 16 ans, soient autorisés à accompagner leurs parents".
Les Allemands n'avaient pas prévu de déporter les enfants.
Laval savait-il que "la déportation vers l'Est" des enfants juifs signifiait leur condamnation à mort, on ne le saura jamais.
Alors que cette opération "vent printanier" est ordonnée depuis plus d'un mois, aucun préparatif matériel au Vel 'd'Hiv' n'est prévu, ni nourriture, ni eau, ni sanitaires. Le Vel' d'Hiv', véritable fournaise, est envahi par une odeur pestilentielle.
Pendant 8 jours, 7 000 personnes y vivent dans l'humiliation, la dégradation physique, affamées, assoiffées, en plein Paris, sous le regard indifférent de la gendarmerie et de la police française.
28 000 Juifs devaient être arrêtés dans le "Grand Paris" (selon l'expression des Allemands) d'après des listes constituées à partir du fichier juif établi par la police français.
Le 16 et le 17 juillet 1942, 12 554 Juifs sont arrêtés dont :
3 031 hommes
5 052 femmes
4 051 enfants
On remarque le nombre élevé de femmes et d'enfants proportionnellement au nombre d'hommes. Jusqu'au 16 juillet 1942, les rafles ne visaient que les hommes ; aussi, seuls, certains hommes prévus par des policiers français résistants, la veille de l'imminence d'une rafle, s'étaient cachés, leurs femmes et leurs enfants, pensaient-ils, ne pouvaient être concernés par la rafle.
Le 16 et le 17 juillet 1942, on arrêtait pour la première fois des enfants juifs de France.
A partir de la rafle du Vel' d'Hiv', le programme malheureusement, vient de prendre sa vitesse de croisière.
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