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UNE VIE DE FEMME - 32 EME PARTIE

 

 

 

 

 

Ce qui va suivre sera peut-être très différent, dans la lecture, de ce que j’ai pu écrire jusqu’à présent. C’est tout simplement parce que même après 12 ans, je n’ai toujours pas compris comment et pourquoi les choses en sont arrivées là.

 

Qu’ai je fait ? que n’ai-je pas fait ? une chose pour moi est certaine ce sont les « nondits » qui ont tout gâché . Cet épisode sera long, fatigant pénible à lire comme il le sera à écrire, expliquera-t-il quelque chose ? je n’en suis pas sure mais j’essaye.

 

Fin 1996 la grande nouvelle arrive : je vais être grand-mère. Les enfants habitent encore à Marseille mais comme le chantier se termine bientôt, ils comptent s’installer dans un autre  département et ils cherchent un coin qui leur plait mais une autre bonne nouvelle s’est ajoutée à la première: mon fils m’a dit : « tu sais maman, Anne et moi, nous pensons beaucoup à toi, tu es seule en Israël et nous, nous ne pouvons pas venir te voir souvent, alors il faut que tu saches que si un jour tu décidais de revenir en France, nous sommes là ; nous n’habiterons pas ensemble mais dans les débuts nous t’aiderons dans tes démarches et à t’installer ; nous ne te demandons pas de le faire, nous te demandons juste d’y penser.

 

Lorsque j’ai raccroché, j’étais très très heureuse ; c’était bon de savoir que mes enfants s’inquiètaient pour moi. Et puis je n’y ai plus pensé.

 

Malheureusement je crois que dans mon subconscient, l’idée se frayait un chemin et tissait sa toile. Plus tard mon fils m’a dit aussi : «  l’enfant devrait naitre en Mai 97, nous voudrions que tu sois là pour l’accouchement » puis une autre fois : « tu sais maman, si tu ne viens pas nous voir, nous serons très fâchés après toi, nous t’offrons le voyage ».

 

Et c’est là je pense que ce qui se tramait en moi a commencé à faire surface. Partir en Mai ce n’est pas une bonne date pour moi car les vacances d’été, ici, s’étalent de juillet à septembre, par contre, rentrer définitivement en France me tente assez car maintenant que je suis juive, je peux l’être dans le monde entier par contre, pour remplir mon rôle de grand-mère il n’y a qu’auprès de mes enfants que je peux le faire. Peut-être auront-ils besoin de moi de temps en temps pour garder le bébé s’ils sortent le soir, ou s’ils veulent prendre quelques jours de vacances. Bien sûr je n’envisage pas de vivre chez eux, je suis trop indépendante pour cela mais dans leur ville oui, alors j’en parle à Alex qui semble très heureux.

 

Mon projet prend corps : je vais faire un petit saut en Aout, commencer à poser des jalons auprès des organismes pour voir comment je pourrai me réinsérer dans la société puis je rentrerai en Israël pour régler mes affaires. Quand je reviendrai en France, je serai à la retraite ; ici je peux revendre mon « pas de porte » mes meubles, je n’ai pas touché au petit pécule que ma mère m’a laissé en héritage, tout cela représente une somme qui devrait me permettre de m’installer modestement

 

A chaque fois qu’Alex m’appelle, je lui fais part de l’avancement de mon projet.

 

Il y a des moments où je sens que quelque chose cloche un peu comme si disant à mon fils : » quel jour sommes nous ? » il me répondait : « il est 12 heures » et puis à chaque conversation, il me répète : « …..mais nous ne vivrons pas ensemble » pourquoi répète-t-il toujours la même chose ?

C’est là que j’aurais dû réfléchir, poser des questions et je ne l’ai pas fait, trop occupée par mon merveilleux projet.

 

Pourtant il n’est pas facile à mettre sur pied ; j’ai 6 chats à la maison et je dois trouver quelqu’un qui viendra habiter chez moi et s’occuper d’eux pendant mon absence ; je dois renouveler mes deux passeports etc....

 

Quand on n’a pas voyagé depuis 15 ans, chaque voyage ressemble à une expédition dans le grand Nord. Enfin c’est décidé, je ne peux plus reculer.

 

 

…….Ma belle fille est venue me chercher à l’aéroport et me conduit chez elle. J’arrive dans une belle villa avec un grand jardin, ma petite fille a 2 mois ½ et est très belle, il y a Muffy aussi, un grand chien tout fou de 7 mois qui ne demande qu’à jouer, et puis Yann,11 ans, le fils d’Anna . Alex arrivera plus tard  car il est encore au travail mais le soir même il est en vacances pour 3 semaines.

 

Je suis assez fatiguée mais plus encore dépaysée, tout est beau, tout est grand, tout est neuf, tout est moderne et cela me change de mon logis modeste situé dans un vieil immeuble ; on s’assied dans le jardin, j’ouvre ma valise pour en sortir toutes les petites choses que j’ai tricotées pour « Anaelle », ma belle fille qui est assise à deux mètres de moi ne s’intéresse pas à ce que je lui montre et me dit du bout des lèvres : « d’aller mettre tout ça dans la pièce de repassage » !!!!!!

 

Mon fils arrive un peu plus tard, et tout semble rentrer dans l’ordre. Nous dinons, puis tous fatigués, nous allons nous coucher.

 

Les deux jours qui vont suivre, j’essaye de me familiariser avec toutes ces nouveautés, j’essaye aussi de me rendre utile mais la vaisselle ? pas la peine il y a la machine. Préparer à manger ? pas la peine c’est fait. Mon fils lui, profite de ses congés pour ranger le garage et installer une armoire dans la réserve car ils viennent d’arriver dans la villa depuis peu et il y a encore beaucoup de petites choses à jeter, ranger, remonter….

 

Et puis il y a bébé, et là ! je suis en admiration devant Alexandre qui sait tout faire, la changer, préparer les biberons et les lui donner. Cette petite fille, à cette époque, n’a pas un père et une mère mais deux mamans et c’est beau à voir ; quand plus tard un des reproches que l’on m’adressera sera que je ne me suis pas intéressée au bébé, que je n’ai pas demandé à la prendre, à la nourrir, bien sûr que non ! c’était tellement beau ce que je voyais que je ne voulais  m’en priver pour rien au monde.

 

Une autre bonne nouvelle est venue égayer cette morosité ambiante : David sera avec nous pour le week-end, faire la connaissance de sa nièce, voir la nouvelle maison, cela fait 12 ans que nous ne nous sommes pas vus. D’après ce que je sais, il s’est stabilisé, travaille toujours dans la même boite apprécie son patron qui le lui rend bien.

 

Enfin une autre visite est prévue, un couple d’amis d’Anna passera deux jours avec nous, pour eux aussi, découvrir la belle maison et surtout le petit bébé.

 

Je suis heureuse de ces nouvelles car j’espère que cela va mettre un peu d’ambiance dans ce lieu triste. Même le chien ne semble pas heureux car en dehors de remplir sa gamelle de croquettes une fois par jour et de le faire vacciner quand c’est nécessaire, tout le reste n’est qu’interdiction : de venir dans la maison, d’être dans la cuisine, quant aux caresses, elles sont absentes du programme.

 

Oui, j’ai constaté Qu’il n’y a pas de vie dans ce couple, chacun vaque à ses occupations, à déjeuner ou à diner, on ne parle de rien de drôle, d’important, d’étrange. J’ai bien essayé de faire une soirée « numérologie » mais Anna a tout gaché, car elle ne comprenait pas les questions posées, répondait de travers, en bref, elle s’emmerdait.

 

Un soir Alex a évoqué mon retour me demandant comment je l’imaginais et c’est là que je lui ai parlé de « mobile-home », en effet,  renseignements pris, cela semble du moins au départ, la meilleure solution. Dans un premier temps, habiter dans un mobile-home dans un camping pour voir ce que c’est et si cela me plait, en acheter un, et soit louer un terrain aménagé en eau et électricité ou encore l’acheter si ce n’est pas trop cher.

 

Durant toute la conversation, ma belle fille ne dit rien et n’y participe pas, sur le coup je n’y prête pas attention, pourtant voila encore un élément de réflexion. 

 



03/10/2012
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