animaux, humour,histoire,mystique,poèmes,contes,bric à brac

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UNE VIE DE FEMME - 2ème partie

 

 

(Pour toi David, quelques informations sur ton père biologique)

 

J’ai 23ans,  je n’habite plus dans ma chambre de bonne mais rue de Reuilly dans le 12ème arrondissement de Paris, une pièce- cuisine en rez-de chaussée.je travaille chez ORMIG, une société qui importe et installe des appareils de photocopies et des machines d’organisations pour bureaux et usines.

 

Chaque année, en Décembre, la Société organise pour l’ensemble du personnel accompagné du conjoint, un diner dans un restaurant. Cette année là, la soirée s’étant terminée très tôt, la bande de jeunes que nous formons décide de continuer dans une boite de nuit. André Bonderf et moi, sommes les seuls célibataires ce qui explique que nous faisons plus ample connaissance, assis l’un à côté de l’autre. Plus tard, au moment de nous séparer, nous décidons de nous revoir.

 

 

André est un garçon énigmatique, beau, des yeux verts magnifiques, sa personnalité est difficile à cerner ; peu bavard, notre relation devient un peu fade, ni drôle, ni triste, ni sérieuse, ni pénible. Assez vite il me fait savoir qu’il se sent différent des autres et quand je lui demande de s’expliquer il me répond qu’il ne sait pas ce que c’est d’aimer ; « j’ai vu mes copains tomber amoureux, raconter ce qu’ils ressentaient, moi, non. Même envers mes parents je ne ressens rien"  et d’ajouter : «  Aussi je préfère te prévenir, ne t’attache pas à moi car je serai incapable de te rendre heureuse. »

 

 

 

Malgré tout, nous allons continuer notre relation et nous arrivons au nouvel an de 1961 que nous passons ensemble dans un endroit sympathique .

 

Durant tous ces mois,  je me suis demandée ce que nous faisions ensemble et pourquoi il continuait avec moi  et petit à petit je me suis dit qu’il avait surement envie de tout arrêter mais qu’ayant peur de me faire de la peine il reculait sans cesse l’échéance ; de mon cöté étant totalement différente de lui : spontanée, enjouée, cette relation me pèse un peu et je décide donc, avec des termes choisis, de lui rendre sa liberté s’il le souhaite. Il accepte et nous nous séparons en tant que couple mais nous continuons de nous voir au travail.

 

JE SUIS ENCEINTE MAIS JE NE LE SAIS PAS.

 

Peu de temps après mon amie  Françoise Couprey m’annonce qu’elle pense être enceinte, qu’elle a rendez-vous avec une « faiseuse d’anges » mais qu’elle a peur d’y aller seule, donc je l’accompagne.

 

La femme qui nous reçoit a la cinquantaire, vit dans un appartement propre et bien agencé, et nous dit être une ancienne infirmière. La consultation terminée, elle confirme son état à mon amie.

 

Je ne saurai jamais pourquoi, car je n’ai aucune raison de le faire, mais je lui demande de m’ausculter aussi. Et le verdict tombe : je suis dans la même situation que Françoise, enceinte de près de trois mois.

 

 Nouveau rendez vous est pris pour Françoise  afin de pratiquer l’avortement, moi, je demande à réfléchir.

 

 Au départ, mes pensées s’entrechoquent et partent tous azimuts et petit à petit, reviennent mieux rangées. Le père, André, est un garçon sain de corps et d’esprit, même si ma situation n’est pas extraordinaire je peux assumer la venue d’un enfant seule, car je ne compte pas en parler au père. Et puis il y a ce petit bébé que j’ai tant regretté de ne pas avoir gardé, je ne vais pas faire deux fois la même erreur, ma décision est donc prise : je garde cet enfant qui sera toute ma vie, que j’aimerai plus que tout.

 

 Sur ce nouveau chemin qui est le mien, je me sens merveilleusement bien, je n’ai aucun malaise, je suis rayonnante.

 

 Alors que j’entame mon quatrième mois, un soir on frappe à la porte. Georges est devant moi. Nous sommes un instant interdits puis je le fais entrer.

 

 Il a terminé son service et est rentré en France la veille. Dans le métro, il est tombé nez à nez sur Françoise et sans être capable de dire pourquoi, la seule chose qu’il lui a demandée, c’est mon adresse.

 

 Le moment de stupeur passé, je décide de lui dire immédiatement ma situation. Il blémit, se lève et… s’en va.

 

 Deux jours après il revient et me dit une des plus belles choses jamais entendue :

 

 « Je t’ai promis des choses que je n’ai pas été capable de tenir, je t’ai demandé de commettre un crime et tu l’as fait la mort dans l’âme mais par amour, je ne vais pas te laisser seule maintenant. Je ne sais pas ce que l’avenir nous réserve mais je serai à tes côtés tout au long de ta grossesse. Lorsque tu auras accouché, je ne peux rien te promettre mais j’espère que je serai, pour une fois, à la hauteur. Aimer ton enfant ne sera pas très difficile, ce qui le sera, c’est d’affronter mes parents, car une goy, divorcée, et mère célibataire, c’est beaucoup pour eux mais j’espère que le temps m’aidera.

 

Et durant des mois, Georges sera présent à mes côtés. Bien des fois lorsqu’il dort près de moi, je  me demande, le connaissant bien, comment il fait pour tenir le coup devant ce ventre qui grossit de plus en plus et que contient un enfant qui n’est pas le sien. Je ne sais pas alors ce que l’avenir nous réserve, mais je sais  que ce qu’il fait là c’est la plus belle preuve d’amour qu’il pouvait me donner.

 

 28/09/1962 Mon fils est né. Chez les juifs c’est «  rosh hoshanna » » le nouvel an juif et Georges ne peut pas se libérer pour être là aux heures de visite c’est donc à minuit, en sautant le mur de l’’enceinte de l’hopital qu’il viendra me voir .

 

 

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02/09/2012
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