animaux, humour,histoire,mystique,poèmes,contes,bric à brac

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UNE VIE DE FEMME - 28EME PARTIE

 

 

 

 

Fin Aout 1985, Alex est retourné en France ; la pression des parents à son encontre a cessé puisque maintenant il n’y a plus de risques.

 

Moi, je suis allée à l’agence du travail pour voir quelles études je peux entreprendre car en tant que nouvelle immigrée, je reçois beaucoup d’aides comme par exemple participation au loyer, et aussi possibilité de me reconvertir dans un autre métier. Le psychologue chargé de dresser mon profil me propose 7 mois d’études dans une école hôtelière qui débouchent sur un examen permettant d’être intendante dans un hôtel, un internat ou encore une maison de retraite et j’accepte.

 

L’école se trouve très loin de chez moi et le bus ne passe qu’une fois toutes les heures, il ne faut donc pas le rater. Les études se composent de théorie et de pratique car il y a sur les lieux un hôtel restaurant et les élèves sont tour à tour cuisiniers, serveurs, femmes de ménages. Les études sont très dures et le travail encore plus. Après quelques mois je sais déjà que je ne ferai pas carrière dans l’hôtellerie, mais par respect pour les services de l’état qui paient pour moi, j’irai jusqu’au bout et je décrocherai le diplome avec mention.

 

J’ai aussi écrit à ma mère une lettre très froide lui demandant si elle était fière de ce qu’elle avait fait à son petit fils. La réponse : « Guy me l’avait demandé » Au procès de Nurenberg, les nazis, à qui on avait demandé s’ils se rendaient compte de ce qu’ils avaient fait avaient répondu la même chose !!!! J’avais également ajouté dans ma lettre que malgré tout, nous étions mère et fille et que j’étais d’accord pour lui écrire de temps en temps si elle le souhaitait. Réponse : oui, aux conditions suivantes : pas d’entête à mes lettres, pas de formule de politesse, pas le mot « maman » rien d’écrit sur l’endroit où je vis, ni sur ma vie de femme……. Il est bien évident que très vite je n’ai plus rien trouvé à dire et que j’ai arrêté de correspondre. J’aurai des nouvelles  par Alexandre qui a gardé quelques contacts avec elle jusqu’au jour où, lui aussi, cessera de la voir. C’est elle en fait qui ne veut plus voir ses petits enfants mais ça, nous comprendons pourquoi plus tard.

 

Cette histoire ainsi que le procès, m’ont profondément marquée, je me sens très fatiguée, au début je crois que c’est à cause des études mais très vite je comprends que c’est le moral qui ne va pas. J’ai 47 ans, je suis en fin de « carrière amoureuse »et quand je regarde mon passé, tout mon passé, j’ai aimé certes, j’ai été aimée certes, mais au milieu de tout cela, il y a tant de trahisons, de larmes, j’ai l’impression que je dois profiter de mes dernières années de « jeunesse » pour me « tricoter » des souvenirs pour mes vieux jours.

 

Dans un premier temps, je fais un régime et perds 12 kgs en quelques mois. Je remplace mes lunettes par des lentilles, je me maquille et munie de tous ces atouts, je pars à l’aventure. Lorsque l’on aime danser il est facile de rencontrer des hommes ; de se trouver dans leurs bras éveille les sens et si l’on ajoute la musique langoureuse, il n’en faut pas plus pour passer une bonne soirée qui continue parfois jusqu’au petit matin. Des hommes, je vais en connaître ; des petits des grands des beaux et des laids, très rares seront les bons amants, très nombreux seront ceux qui croient l’être, mais ils auront ceci en commun, c’est qu’ils me donneront, l’espace de quelques jours, quelques mois, l’impression d’être aimée.Et je le serai d’une certaine façon, car au lieu de me prendre pour une fille légère, ils aimeront être en ma compagnie, se confier, me caliner, ce dont j’ai toujours eu besoin.

 

Mais c’est là aussi que ma vie à changé de direction car je ne pense pas que ce genre d’expérience était celle que je devais vivre, ma venue en Israël, ma conversion devaient me conduire vers quelque chose de plus élevé, je ne sais pas quoi bien sûr mais j’en suis certaine.

 

Mes cours se terminent en Avril 1986. Cette année là il y a des problèmes dans l’hôtellerie dus aux évènements et donc très peu de nouveaux postes à pourvoir alors je retourne à mes petits vieux.

 

Dans cette nouvelle famille , Je travaillerai 4 ans 1/2 et comme un jour on me demandait de raconter un peu de ma vie en Israël, voici ce que j’ai écrit il y a quelques temps.

 

"EXTRAIT DU MEPRIS"

 

 

 

......Et puis un jour que je cherche de nouveau une place, je suis mise en contact avec "chochana" femme d'une soixantaine d'années, veuve, travaillant le matin dans le secrétariat d'un hopital et ayant pris en charge son père qui habite chez elle et qui est agé de 92 ans. Je travaillerai chez eux 4 ans 1/2;

Très vite je vais me rendre compte que je suis tombée dans une famille de "parvenus" très imbus d'eux-mêmes, le tout enrobé de fausse modestie et de paternalisme avec en prime une bonne dose de malhonneteté et radinerie et le "roman d'amour" commence entre nous.

 

Je ne vous énumèrerai pas ici le nombre de fausses gentillesses,les phrases aigres-douces, me faisant bien comprendre où était leur place et où était la  mienne, pas plus que je ne m’étendrai sur les gestes déplacés que ce vieux Monsieur avait envers moi, un droit de cuissage en quelque sorte, jusqu'au jour de "l'histoire de la poubelle"

Un jour, la poubelle est placée devant la porte d'entrée et Chochanna me dit, avant de partir "très vite" : soyez  gentille de descendre la poubelle en partant.


Je ne suis pas à une poubelle près mais nous avons déjà eu un accrochage à son sujet car celle-ci n'est jamais nettoyée et au lieu de mettre un sac nylon et de jeter dedans les ordures, on met celles-ci à même le seau, qu'il faut de toute façon remonter, donc je lui avais dit que j'acceptais de descendre la poubelle en partant à condition que les saletés soient dans un sac et que la poubelle soit nettoyée (ce n'était pas mon travail) mais rien n'avait été fait et chochana revenait  ce jour là à la charge. En partant, je laisse "la chose" dans l'entrée.


Le lendemain, même scène, la poubelle m'attend et Michael le père y va de son laïus ; je ne réponds rien et ne fais rien. Le lendemain, chochana est déjà partie lorsque j'arrive ce qui n'est pas habituel et je pressens une matinée "particulière" Michael m'attend de pied ferme dans le salon (ce qui n'est pas habituel non plus) et me prie de m'asseoir :

"Il est vraiment regrettable que vous m'obligiez à mettre certaines choses au point ; ma fille et moi avons essayé de le faire avec tact mais vous ne semblez pas comprendre la différence qu'il y a entre vous et nous :

-nous sommes des intellectuels, bourrés de diplomes, qu'avez-vous fait comme études vous?

 

-Nos relations appartiennent à l'élite de la société et vous, qui fréquentez-vous ?

 

Sachez que des gens comme vous n'ont droit qu'à 2 choses : obéir aux ordres et dire merci !

 

Vous pouvez disposer.". 

Savoir ce qu'ils pensaient de moi n'était pas nouveau mais l'entendre dire c'est autre chose; l'insulte vous saute au visage et vous envahit, vous êtes tétanisé ; je ne sais pas comment j'ai fini ma matinée, dans le silence le plus complet je pense puis je  pars.


Dans la rue, je marche comme une automate, j'ai du mal à respirer et puis tout à coup je sens, à l'intérieur de mon cerveau, comme un feu clignotant qui vient de très loin et qui, petit à petit, s'approche de ma "compréhension" encore un peu plus près et je comprends ce que ce spot me dit à chaque clignotement : MEPRIS.....MEPRIS.....MEPRIS. et parce que cette lumière vient de très loin, je déchiffre qu'elle a un rapport avec quelque chose vécue dans le passé, et ce quelque chose c'est : l'Afrique, la Côte'd'Ivoire où j'ai vécu de 1973 à 1979 et où j'ai vu comment une "race" (les blancs) méprise une autre "race" (les noirs).

 

A peine rentrée à la maison, une envie impossible à contrôler m' envahie avec la force d'un raz-de-marée : je devais écrire quelque chose sur l'afrique.


Ce que j'ai écrit s'appelait dans un premier temps : l’ENTONNOIR » mais lorsque le livre a été publié, j’ai dû changer le titre  car celui-ci était déjà utilisé et cette histoire est devenue : « UNE ETOILE AU FOND DU CŒUR »je vous en écrirai un petit bout tous les jours à partir d'aujourd'hui ou peut-être demain et j'espère que cela vous plaira. J'ai employé un style très très ironique mais avec le recul je comprends que c'était pour moi la seule  façon d'écrire quelque chose qui m'avait fait très mal

Avant de vous quitter , vous voulez peut-être savoir comment s'est terminé l'épisode "Chochanna-Michael ", une fois de plus j'ai attrapé mon dictionaire et une fois de plus j'ai préparé mon discours qui était très court :

 

" je sais exactement qui je suis et aussi qui vous êtes et c'est pour cela que je  vous confirme que je ne viderai pas la poubelle, ni aujourd'hui ,ni demain, ni un autre jour, quant à vous monsieur le Docteur Michael, il est regrettable que lorsque vous descendez de la branche sur laquelle vous êtes perché, ce soit pour avoir des gestes déplacés envers moi, c'est indigne de vous ! je vous laisse le soin de donner à cette situation, la suite qui vous conviendra le mieux.

Il n'a plus jamais été question ni de poubelle ni de rien d'autre et c'est presque dans mes bras que Michael est mort.

 




29/09/2012
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