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UNE VIE DE FEMME - 15 ème partie

 

Je travaille maintenant dans une société qui épure les eaux usées et installe  des canalisations pour approvisionner les villages en eau potable. Elle existe depuis 2 ans mais n’a jamais eu de secrétaire, il faut donc rechercher tous les documents éparpillés un peu partout pour reconstituer l’historique de l’affaire, retrouver les carnets de paie et de chèques créer des dossiers clients et fournisseurs, mettre à jour les contrats des employés Ivoiriens.

 

 Beaucoup de travail passionnant qui va me permettre de me mesurer aux évènements et de connaître mes limites, mais c’est aussi ce qui m’empèchera, de retour en France, de ne pas aimer les emplois que l’on m’offrira, car trop insignifiants.

 

Nelly (la maitresse de mon ex-mari) est revenue dès qu’elle a su que la place était libre. Je ferai sa connaissance quand, à plusieurs reprises, elle ramènera chez moi, en fin de week-end, Alexandre.

 

C’est une femme plus jeune que moi, de beaux yeux, habillée un peu à l’ancienne avec  plein de dentelles, la voix saccadée et rauque, les ongles rongés jusqu’au sang. Nous ne serons jamais de grandes amies mais nous adopterons un modus vivendi qui facilitera bien les choses. Elle aura aussi l’occasion de me confier, dans les moments de grande détresse, que Guy et elle se battent, heureusement hors de la présence de l’enfant.

 

 Guy a quitté la société qui l’employait pour créer sa propre entreprise, une menuiserie qui marche bien et son amie en est la comptable.

 

Avec moi, il est toujours le même, tantôt charmant, tantôt crachant son venin mais cela n’a plus d’importance, je me sens bien dans ma peau, j’adore mon boulot, je fais des économies pour plus tard.

 

Et puis, un petit miracle est arrivé. Il y a longtemps, j’avais commencé une collection de timbres français et un jour, grace à des voisins juifs, j’ai été mise en contact épistolaire avec un israëlien lui aussi philateliste et nous avons commencé à échanger les timbres.

 

 De petits mots d’accompagnement en petites lettres de politesse, notre correspondance a débouché sur une très belle amitié.Or le courrier avait cessé de circuler entre nous lorsque la guerre de 1973 avait éclaté, car la Côte d’Ivoire avait, comme beaucoup d’autres pays, rompu ses relations diplomatiques avec Israël mais comme il n’y a pas de problème sans solution, une de mes amies partie en Kibbutz pour deux ans a recherché et retrouvé mon correspondant et quand elle est revenue en France elle nous a servi de boite aux lettres.

 

La première lettre depuis ce long silence de plusieurs années vient d’arriver. Comme c’est émouvant de regarder cette enveloppe si familière, de l’ouvrir sans l’abimer, d’en sortir son contenu avec précaution, de lire doucement d’abord puis rapidement ensuite.

 

Pourtant, malgré ce bonheur apparent, il m’arrive de plus en plus de me poser des questions : où est mon avenir ? en afrique, en France. Mon magot a grossi et comme je ne voudrais pas que le côté matérialiste me gouverne je décide, après réflexion, de rentrer dans mon pays.

 

Mes collègues ivoiriens sont là, du manœuvre au chauffeur en passant pas le magasinier, ils ont tous voulu m’accompagner et pour certains, c’est la première fois qu’ils se trouvent dans un aéroport où ils s’y sentent un peu gauche. Je n’oublierai jamais cette image très émouvante pour moi.

 

Avant de rentrer à Asnières, je fais un petit crochet par Nice pour rendre visite à mon amie Danielle qui a ramené du kibbutz un mari et vient de mettre au monde des jumelles.

17 juillet 1979, je vais avoir 41 ans, une page de ma vie vient de se tourner. Mais qu’y-a-t-il d’écrit sur la suivante ?

 

 



15/09/2012
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