UNE VIE DE FEMME - 13 ème partie
Lorsque je me suis mariée une première fois en 1956, mon père avait dédoublé son appartement de façon à me donner 2 pièces.
C’était paraît-il ma dot. Bien sûr, rien n’avait été fait par écrit mais j’y avais crû.J’avais également hérité de meubles tels qu’un lit, une armoire,puis récupéré mon piano et une lampe de chevet reçue en cadeau d’anniversaire pour mes 12 ans.
Mais comme tous les jeunes de l’époque, mon mari et moi avons voulu un mobilier plus moderne ; nous avons donc acheté à crédit une banquette-lit, une armoire bibliothèque-secrétaire et nous avons revendu à ce même magasin, les meubles que mes parents m’avaient donnés et qui ont été achetés à bon prix car ils étaient en bois massif.
Mes parents qui ne s’étaient jamais entendus, n’étaient restés ensemble que pour moi et ça ! je le sais car on me l’a reproché pendant des années, mais maintenant que j’ai quitté la maison paternelle, il n’y a plus de raison de sauver la face, surtout que mon père a rencontré une jeune femme, mère de deux enfants qui lui plait beaucoup et à qui il n’est pas indifférent. Il va donc se partager pendant un certain temps entre la maison et sa maitresse
.Entre temps je divorce mais je continue d’habiter « chez moi » jusqu’au jour où, rentrant de mon travail, j’arrive dans un appartement vide ; plus aucun meuble, mes affaires étant éparpillées sur des chaises ou dans des cartons. Tout a disparu y compris mon piano et ma lampe de chevet. Je questionne ma mère que était chez elle toute la journée, donc dans la pièce attenante : elle n’a rien vu, elle ne sait rien, oui ! elle a entendu du bruit, une sorte de déménagement mais pour en savoir davantage, il faut demander à mon père ce que je fais.
L’explication pour lui est très simple : puisque je ne suis plus mariée je n’ai plus besoin d’appartement. Il a donc fouillé dans mes affaires pour trouver à quel endroit j’avais acheté mon mobilier à crédit et à raconté au marchand qu’il venait de ma part pour rembourser les sommes que je restais devoir ; sur un crédit d’un an, nous avions remboursé la moitié. Et mon père ajoute : « étant donné que tout ce qui est racheté en seconde main est vendu à moitié prix, j’ai donc acquis ton mobilier dans les règles et je ne te dois rien.Ce qu’il oublie de dire, c’est qu’il a fait son coup en douce, comme d’habitude.
Ce jour là, j’ai compris qui était mon père ; un homme charmant quand tout allait bien, mais qu’une réflexion désagréable lui soit faite, qu’une situation lui déplaise et il se venge et tous les moyens sont bons. Là, il se venge parce que j’ai osé divorcer après 15 mois d’union alors que lui est resté des années avec ma mère à cause de moi.De plus mon père est un homme ni très fin, ni très intelligent mais surtout de mauvaise foi, donc, il arrange la vérité telle qu’elle lui convient. C’est pourquoi quelques mois après cet épisode, il va vendre « mon »appartement pour pouvoir en acheter un autre et vivre enfin avec sa nouvelle compagne.
Mes parents sont mariés sous le régime de la communauté ce qui veut dire que normalement, mon père peut faire ce qu’il veut sans le consentement de sa femme mais ma mère, très inquiète par ce qui s’est passé avec mon studio en parle à sa patronne qui lui conseille de prendre avis auprès d’un notaire, ce qu’elle fait, et sur les conseils de ce dernier fait mettre sur les deux pièces une « hypothèque légale » ; cela n’empêche pas la vente mais cela oblige celui qui vend à partager avec le conjoint le fruit de l’opération.
Ca ! mon père n’y a pas pensé, d’abord parce qu’il ne connaît pas cette possibilité légale, ensuite parce qu’il sait que ma mère est trop timorée pour comprendre et faire quelque chose contre les décisions qu’il prend, lui qui s’est toujours pris pour un caïd, alors quelle n’est pas sa surprise lorsque au moment de la signature, et ce, devant l’acheteur, mon père s’entend dire par le notaire que son épouse doit être présente pour que l’opération ait lieu.
Si ma mère n’avait pas fait cette démarche, mon père aurait vendu mon appartement et ne lui aurait rien dit, ni rien donné, après quoi il aurait fait de même pour l’autre partie de l’appartement que ma mère occupait et cette dernière se serait peut-être retrouvée à la rue, car il n’est pas certain que mon père aurait partagé avec elle le fruit de cette seconde vente.
Le monsieur est fou de rage car il considère qu’il s’est fait roulé et comme inconsciemment il sait qu’il a mal agi avec moi il reporte cette culpabilité sur moi en m’accusant d’avoir aidé ma mère dans ses démarches. Nous serons donc fachés durant des années.Puis, je ne me rappelle plus comment, nous renouerons et je ferai ainsi connaissance avec celle qui est devenue son épouse, ainsi qu’avec mes deux demi-sœurs qui devindront trois, quelques temps après.
J’ai à l’époque une vingtaine d’année.Ma belle-mère est une femme très avenante, elle n’a que quelques années de plus que moi ce qui fait que nous allons devenir très vite de grandes copines, et ce, pendant des années jusqu’ à ce que……..
Nous sommes maintenant en 1975, Arrivée à Paris je prends immédiatement l’avion pour me rendre en Suisse. Arrivée à Genève, je dois prendre un train qui me mènera jusqu’à l’école de David.
Lorsque j’arrive, les élèves et les profs sont encore en classe ; en attendant que les cours finissent, on me conduit au dortoir où se trouve son lit sur lequel est posée une valise ouverte et remplie de ses affaires. Je jette un coup d’œil pour voir s’il ne manque rien d’essentiel et quelle n’est pas ma surprise de trouver un talky -walky qui ne lui appartient pas ; continuant ma fouille, je trouve un peu plus profond, un couteau à cran d’arrêt et tout au fond, une somme importante de francs suisses. Bien sur, rien de tout ceci n’est à lui et c’est alors que le directeur me rejoint. En voyant la liasse de billets dans ma main il écarquille les yeux ; il n’a aucune explication, ni pour l’argent ni pour le reste. Ce qui veut dire qu’une fois de plus, David a trompé son monde, des spécialistes pourtant.
Lorsque nous serons dans le train et que je lui demanderai des explications, il prétendra que les talky-walky lui ont été donnés par un copain, que pour le couteau, c’est surement quelqu’un qui lui a mis dans sa valise à son insu, quand à l’argent, il l’a gagné pendant les vacances en ramassant des oignons chez un paysan !!!!!!!!
De retour à Paris la course folle commence, docteurs, psychologues, caisse de sécurité sociale, liste des écoles avec internats pouvant recevoir mon fils et après de nombreux problèmes, nous trouvons enfin une école d’agriculture et le Directeur qui me reçoit, homme très sympathique, me fait une très bonne impression et semble en mesure de s’occuper de David mais alors que tout semble réglé, un gros problème surgit : il faut une famille pour accueillir David les week-end et au moment des congés.
Après avoir parlé avec Yvonne, la femme de mon père, elle accepte contre rétribution mensuelle modeste de remplir ce rôle. David sera chez mon père pendant 1 an1/2, il y sera très heureux, mes demi-sœurs étant presque de son âge, ma belle-mère très jeune, tout ceci contribue à se sentir bien et il semble que le mauvais cap est passé. Il semble……
je peux donc retourner en Côte d’Ivoire.
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