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Lola est une petite fille atteinte d'une maladie très grave, ce qui lui interdit de se nourrir autrement qu’à l’aide d’une sonde. Papy José tient un blog et nous raconte les journées de sa petite princesse. Si vous allez sur ce blog vous pouvez mettre un "j'aime" ou encore un commentaire, et même voter quand cela est indiqué. Ainsi vous aidez à le faire connaitre.

Papy José répond toujours quand on lui donne un lien pour le faire donc si vous laissez un commentaire, donnez lui votre nom ou pseudo et le moyen de vous faire un petit coucou.

http://lamessebleue.centerblog.net/

-Tu fais quoi papy ? Lola s’approche du fauteuil où je suis dans le bureau à tapoter sur mon ordinateur.

-Papy regarde son courrier.

C’est la réponse à la question posée par le petit ange.

Qui ne s’est pas vu poser par une petite princesse de 3 ans cette demande si bellement prononcée n’a rien connu. Pas le bonheur en tout cas.  Et plus tard je repasserai en boucle dans ma mémoire ces quelques mots, avec la parole, la voix de la petiote, afin de ne jamais l’oublier. Tu fais quoi papy ? Les mots sont gravés quelque part sur mon disque dur personnel, en mode binaire, enregistrés pour l’éternité car je sais que le temps passe vite, que les enfants progressent à la vitesse grand V et que, dans peu de temps, je ne les entendrai plus, tout au moins prononcés comme ça. Tu fais quoi papy ?

Et elle ajoute :

-A fini le couiller papy ?

La petiote ne sait pas encore très bien prononcer les mots. Les rrrrr lui sont difficiles. Elle ne dit pas « le courrier » mais « le couiller ». Les L lui posent difficultés également, surtout associés à d’autres consonnes, le p, les c, les b. Cependant elle s’en accommode très bien et les adultes également. Nous comprenons son vocabulaire particulier, même quand elle baragouine, la tutute vissée au bec, avec son charabia et ses phrases qui nous font éclater de rire.

-Oui, papy a fini le courrier.

Il m’arrive aussi de prononcer « le couiller », comme elle, non pas pour qu’elle me comprenne, mais parce, comme vous et moi, j’éprouve un malin plaisir à parler comme l’enfant, au grand dam des pédagogues, qui prétendent, à tort ou à raison, que ces mioches ne feront aucun progrès si on ne leur permet pas d’ouïr les  bonnes paroles. Tant pis, je me fais plaisir.

Et même si je ne l’avais pas fini, ce « couiller », que puis-je dire d’autre que oui, comment pourrais-je dire à la petiote : « non, papy n’a pas fini le courrier, laisse-moi s’il te plait ». Car Lola questionne dans un but bien précis. Elle ajoute : « moi, veux voir petite Lola ». Je le savais, je l’avais deviné. Chaque fois que j’ouvre mon ordinateur, je sais qu’elle va s’approcher et me solliciter : «  veux voir petite Lola ». Tant pis pour le courrier, je le lirai plus tard. Il me faut satisfaire à la demande si gentiment formulée.

Elle veut voir « petite Lola ». En fait, elle veut regarder sur mon ordinateur les multiples vidéos  dont elle est évidemment le centre d’intérêt, des dizaines de vidéos, à la mer, à la montagne, à l’hôpital, ailleurs. Elle adore se voir et se revoir. Devant l’écran, assise sur mes genoux, elle fait son choix, elle montre, avec son index, les films qu’elle désire visionner. Elle les a vus des dizaines de fois, mais elle ne se lasse pas.

C’est plutôt papy qui se lasse. Papy lui a appris à cliquer pour démarrer la vidéo, ainsi Lola fait son choix et clique, et papy pendant ce temps peut se relaxer dans son fauteuil, Lola sur les genoux. Donc, en boucle, elle repasse les petits films où elle se voit dans diverses situations, Lola toute petite, jusque Lola il y a quelques jours. Ca dure de longues minutes. Papy patiente et pour passer le temps, il rêve, ou il feuillette une revue, ou il termine une grille de mots croisés, mal à l’aise évidemment avec une fillette qui gigote sur son giron. Car papy il en a marre de visionner toujours les mêmes vidéos.

Bientôt il faut absolument trouver une excuse pour quitter cette activité, qui me barbe de plus en plus. En général, ça se passe vers 11h30. A midi, l’excuse est toute trouvée. « Va mettre Nagui à la télé » ou «  va voir les zouzous. » La petiote agrée et se sauve. Les zouzous, elle adore, Nagui aussi d’ailleurs. Ouf, papy peut enfin lire tranquillement son « couiller ».