LA VIE D' UNE FEMME- 8EME PARTIE
Un an déjà que nous sommes à Orvault. Les choses s’étaient un peu calmées entre Guy et nous et voilà que cela recommence, il nous cherche des poux dans la tête, il rentre de plus en plus souvent tard et dans un état …….un jour je suis tellement en colère que je décide de me venger ; un samedi matin, pendant qu’il cuve son vin, je pars en ville et je m’achète une jupe, une veste, un corsage, sans oublier une trousse à maquillage bien garnie, je passe chez le coiffeur et je rentre à la maison la tête haute et prête à bondir s’il a le malheur de la ramener. Il vient de se lever, il me regarde, écarquille les yeux, et éclate de rire sans plus pouvoir s’arrêter et il rit, il rit, il rit…….puis cessant enfin, il quitte la pièce sur ces mots : »je t’autorise à t’acheter ce que tu veux quand tu es en colère après moi car comme ça, tu es presque baisable »
Je ne lui pardonnerai jamais cette phrase et un jour, je me le jure, je me vengerai.
Il y a une raison dans le comportement de Guy, il a des ennuis à son travail, bien sûr il n’a rien dit . D’abord, le boulot est devenu une routine ce qui ne lui plait pas ensuite, son patron se révèle un piètre gestionnaire, à l’esprit étroit, revenant bien souvent sur les directives qu’il a lui-même données, contestant de plus en plus les notes de frais ; Guy prend donc la décision de chercher un autre job et pour cela, il achète les journaux en fin de semaine, le samedi il les lit, le dimanche il écrit aux différentes annonces qu’il a cochées, le lundi il poste le courrier.
A cette époque un livre fait fureur, il s’appelle si ma mémoire est bonne « comment chercher du travail et….. en trouver » Dans ce bouquin on explique comment mettre en valeur son C.V. comment rédiger la lettre d’accompagnement, pleins de petits trucs et astuces qui parait-il font merveille.
Pendant des semaines, le maitre des lieux va écrire des dizaines de missives qui resteront sans réponse et puis un jour, le miracle, une Société est intéressée par sa candidature. Il se rend à Paris et après un long entretien il est embauché comme agent technico-commercial et la cerise sur le gateau, ce n’est ni à Lyon, ni à Marseille (il avait précisé qu’il acceptait toutes les régions de France) mais…… en COTE D IVOIRE.
Le temps de donner sa démission, de faire les bagages et nous regagnons notre appartement d’Asnières. Pendant trois mois mon mari est en stage dans sa nouvelle boite, il est redevenu presque humain car il est « heureux »
En face de mon immeuble, il y a une petite épicerie tenue par une femme de mon âge : Renée. C’est l’époque où les petits magasins ont bien du mal à tenir le coup car les grandes surfaces ont fait leur apparition et les prix pour une même marchandise ne sont pas comparables.
Plusieurs choses m’attachent à cette femme dont une : elle qui n’espérait plus être mère a accouché d’une petite fille 2 mois après moi et comme au début c’était difficile pour elle de donner le biberon au bébé avec ce va et vient incessant dans la boutique, j’allais bien souvent l’aider ce qui a créé des liens.
De retour à Asnières, nos relations amicales ont reprises comme par le passé . Un peu avant la fin de l’année, des petits commerces comme le sien n’ont qu’une solution pour se faire un peu d’argent, c’est d’acheter (à crédit) foie gras, saumon, champagne sur lesquels la marge bénéficiaire est plus importante, c’est ce que Renée à fait comme chaque année et les marchandises sont entreposées dans la cave comme d’habitude.
Quelques jours avant les fêtes, elle descend à la cave pour remonter toutes ces marchandises et préparer ses étagères et vitrines et…… la cave est vide, elle a été cambriolée, une catastrophe dont elle ne se relèvera pas car le comble de tout, lorsque la police viendra constater les faits, rien de sérieux ne sera entrepris pour avoir une chance, aussi maigre soit-elle, de retrouver les voleurs, on tourne et retourne dans la cave vide, on ne relève aucune emprunte et quand Raymond, le mari, demande que les choses soient faites avec un peu plus de sérieux on lui répond : »mon pauvre Monsieur, nous avons 10 casses de ce genre par jour alors……. »
Raymond est chauffeur dans une importante société mais comme il a beaucoup de temps de libre et que, comme Guy, c’est une excellent bricoleur, il a loué un box dans lequel il a installé un petit atelier et là, il fabrique les meubles qui lui sont commandés, ce qui met un peu de beurre dans les épinards.
Pas très loin de son « atelier » il y a un autre box occupé par des hommes qui très souvent, déposent des objets qu’ils reprennent un autre jour. D’où Raymond est placé il voit qu’il sagit pour la plupart de téléviseurs, appareils électriques, caméras etc….
Un jour que les hommes ne peuvent pas ouvrir leur box, l’un d’eux vient demander de l’aide à Raymond et c’est ainsi qu’ils font connaissance. Raymond n’a pas réalisé que ces types font, à d’autres, ce qu’on lui a fait à lui, alors, Lorsque le magasin de sa femme est cambriolé c’est plus fort que lui il leur raconte l’histoire ; les hommes eux sont persuadés qu’il a compris quelles étaient leurs activités donc très vite ils lui parlent franchement : « dans deux jours on a un casse très intéressant et sans danger que l’on ne peut pas remettre, notre chauffeur est malade alors, si tu veux, tu prends sa place, tu resteras au volant, c’est un coup sûr, et après tu touches ta part ça te remboursera un peu de tes pertes.
Raymond ne pourra jamais expliquer pourquoi il a accepté : la surprise qu’on lui révèle ce qu’il aurait dû comprendre tout seul ? le coup dûr qui lui arrive ? la colère qu’il ressent contre cette police incapable ? toujours est-il qu’il dit oui. Malheureusement les choses vont mal tourner, la police cette fois agit vite et bien et fini par remonter jusqu’à Raymond qui est mis en prison. Je l’apprendrai par Renée, complètement déboussolée et qui devient au fil des jours un vrai zombi.
En plus de son commerce à tenir, Renée doit trouver un avocat, rendre visite à son mari incarcéré à la santé ; je l’aide comme je peux, je lui garde sa fille lorsqu’elle s’absente, je fais ce que je peux et petit à petit, au fil des conversations, je vais faire connaissane de Raymond que je n’avais vu qu’en coup de vent deux fois sans jamais lui parler autrement que pour lui dire bonjour.
Quand je pense à lui, à cet homme honnête qui s’est fourvoyé, enfermé dans une cellule, j’ai mal alors un jour, je demande à Renée si elle pense que ce serait une bonne idée que j’écrive à son époux de temps en temps. A la visite suivante elle lui pose la question, et il dit oui.
Va alors commencer pour nous une belle histoire d’amour platonique qui lui permettra à lui, de se raconter et à moi de découvrir que j’adore écrire, d’ailleurs ce n’est pas moi qui écrit, c’est ma main et c’est mon cœur qui dicte le texte.
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