expression : sur l'air des lampions
« Sur l'air des lampions »
En scandant quelques syllabes détachées sur une seule note ou un rythme très simple
Tous ceux qui ont connu le remue-ménage de mai 68 se souviennent du "C.R.S. S.S." scandé par les étudiants massés face aux représentants des Compagnies Républicaines de Sécurité[1].
Eh bien c'était sur l'air des lampions que ce slogan était clamé, tout comme c'est sur l'air des lampions que vous scandez "une autre" ou un "remboursez" à la fin d'un concert, selon qu'il a été plaisant ou nul, ou "on a gagné" à la fin d'un match de foot (non perdu, de préférence).
Mais d'où vient donc cette appellation pour un 'air' pourtant peu mélodieux ?
Tout d'abord, rappelons que le 'lampion', venu de l'italien 'lampione' (grosse lanterne), a d'abord surtout désigné une lanterne de bateau.
Ensuite, à la fin du XVIIe siècle, son usage s'est restreint à l'appellation d'un godet à huile dans lequel une mèche trempait, permettant ainsi de faire un lumignon avec lequel, entre autres utilisations, on pouvait illuminer les bordures de fenêtres.
C'est au milieu au XVIIIe que le mot désigne également des lanternes vénitiennes, comme celles en papier plissé que les enfants maintiennent accrochées au bout d'un bâton lors de défilés festifs nocturnes.
Le premier air des lampions résonna en 1848 : alors que Louis-Philippe venait d'être chassé par une insurrection à la suite de laquelle la République fut proclamée. Les républicains montrèrent leur joie en illuminant leurs fenêtres ; mais, comme il y avait finalement peu de ces éclairages spontanés, les bourgeois étant dérangés par les émeutes, les gens dans les rues se mirent à scander "des lampions ! des lampions !" qui firent augmenter le nombre de fenêtres éclairées.
Victor Hugo écrivit d'ailleurs à ce propos : « En un clin d'oeil, la ville fut illuminée comme pour une fête. »
C'est de cet appel répétitif, d'une seule note et de trois syllables que nous vient notre expression.
Et si, à l'origine, et pendant un moment, l'air des lampions était bien limité à trois syllabes et une seule note, il a fini par désigner tous les slogans scandés par de nombreuses personnes en séparant les syllabes et sur très peu de notes (comme le "on a gagné !", par exemple).
[1] Une plaisanterie faisait répondre à ces fonctionnaires de police, 'forcément' niais, un "Étudiants, diants diants", sur le même ton.
Extrait de Expressio
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 73 autres membres