expression : D-ieu reconnaîtra les siens
Formule employée chaque fois que sont indifféremment visés des coupables et des innocents.
Formule censée justifier une action violente menée de manière arbitraire
Que de crimes ont été commis et continuent à l'être au nom d'un dieu quelconque !
Cette expression, dont la forme complète est « Tuez les tous, Dieu reconnaîtra les siens ! », est généralement attribuée à Arnaud Amalric, abbé de Cîteaux et légat du Pape Innocent III, et aurait été prononcée le 22 juillet 1209 lors de la prise de Béziers, dans l'Hérault.
Mais elle semble n'apparaître dans les ouvrages qu'à compter du XVIIe siècle, ce qui fait planer un certain doute sur sa réelle origine.
À cette époque, le pape avait décidé d'éliminer les Cathares, ces hérétiques proclamés comme tels en raison de leurs pratiques religieuses non conformes à celles de l'Église catholique et, aussi, du succès de leur doctrine dans le sud de la France. Partie de Lyon, la croisade contre ces hommes commença à Béziers en 1209 et se termina réellement après la prise de la forteresse de Quéribus en 1255, précédée de celle de Montségur en 1244 (même si un traité signé en 1229 était supposé mettre fin à cette chasse aux hérétiques qui continua pourtant à travers l'Inquisition, d'autant plus que le catharisme restait vivace dans le Languedoc).
Mais à Béziers, donc, une fois la ville tombée, alors que de nombreux Cathares s'étaient réfugiés parmi la population des véritables chrétiens [1], lorsque la décision fut prise de tuer tous ces derniers, le baron de Monfort demanda à Amalric comment faire pour différencier les hérétiques des bons catholiques. Et c'est là que ce dernier aurait répondu cette phrase devenue célèbre : « Tuez les tous, Dieu reconnaîtra les siens ! ».
Inutile de dire que, dans les heures qui suivirent, ce fut un embouteillage monstre chez saint Pierre, puisqu'au cours de ce massacre périrent environ 20 000 personnes, selon la police, et 30 000, selon les organisateurs ; hommes, femmes, enfants, jeunes, vieux, unijambistes aveugles opérés de la prostate, tous y passèrent sans exception.
Même si elle est rattachée à un épisode peu glorieux de l'Histoire, la formule à l'emporte-pièce eut un certain succès puisqu'on l'emploie toujours aujourd'hui face à des actions violentes menées sans discernement.
[1] Les catholiques, pour indiquer qu'ils n'entendaient pas céder aux diktats du roi de France et à ses représentants, avaient refusé de livrer les hérétiques à Amalric.
Extrait de Expressio
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