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expression : Chacun son métier et les vaches seront bien gardées


 

« Chacun son métier et les vaches seront bien gardées » Si chacun ne se mêlait que de ce qu'il connaît parfaitement, tout irait pour le mieux


Jean-Pierre Claris de Florian, simplement dit Florian, est un auteur de la seconde moitié du XVIIIe siècle. Bien qu'il soit mort à 39 ans seulement, il nous a laissé de nombreux écrits, dont de célèbres fables, parmi lesquelles se trouve celle qui nous intéresse ici, Le vacher et le garde-chasse.

Dans celle-ci, nous trouvons le jeune Colin qui garde les vaches de son père. Mais lorsque sa route croise celle d'un garde-chasse fatigué de courir sans succès après un chevreuil, il lui propose de partir à la chasse à sa place après lui avoir confié la garde de son troupeau.
Au cours de cette traque, Colin rate le chevreuil, mais blesse le chien du chasseur. Et, lorsqu'il revient dépité vers ses bêtes, il trouve le garde-chasse qui s'est endormi et le troupeau qui a disparu, les bêtes ayant été volées.

Notre locution proverbiale est la morale de cette fable qui confirme ce que chacun sait, à savoir qu'il est inutile de vouloir faire correctement le travail d'un charpentier, par exemple, lorsqu'on est opticien, ou celui d'un cordonnier lorsqu'on est informaticien. Chacun n'est a priori réellement compétent que dans le métier qu'il a appris (même si on peut parfois trouver des incompétents dans leur propre métier). Pour que les vaches soient bien gardées, il faut un vacher, pas un garde-chasse, vérité que le père de Colin lui fera comprendre à coups de bâton de cormier (ou sorbier ou cornouiller, selon les régions).

Mais si ce proverbe est généralement attribué à Florian, est-ce bien réellement lui qui en est l'auteur ? En effet, dans Le dictionnaire de Trévoux ou dans Le dictionnaire universel de Furetière, tous deux de publication antérieure à la naissance de notre poète, on trouve ceci à l'entrée vache : « On dit, quand chacun se mêle de son métier, les vaches sont bien gardées », preuve que la maxime existait déjà avant Florian qui n'a fait que la reprendre.

Mais on peut trouver encore un peu mieux, puis nettement mieux.
En effet, Cicéron, au Ier siècle avant J.C. écrivait déjà : «Quant quisque norit artem, in hac se exerceat » qu'on peut traduire par « Que chacun s'exerce dans l'art qu'il connaît ».
Oh, je vous vois venir ! Vous allez m'objecter que, si la signification est bien la même, la forme est complètement différente. Je vais donc peut-être vous clouer le bec en vous citant ce qu'écrivait Voltaire, à la condition qu'il ne se soit pas fourvoyé : « Le parlement de Besançon n'a point du tout envie de se démettre; il n'a démis que nos vaches , auxquelles il a défendu , par un arrêt solennel, d'aller paître dans la Franche-Comté. Elles ont eu beau présenter leur requête et faire valoir la maxime d'Aristote : "Que chacun se mêle de son métier, les vaches seront bien gardées", on les a condamnées au bannissement du ressort du parlement ». Autrement dit, Voltaire fait même remonter non seulement le sens mais également la forme à Aristote, au IVe siècle avant J.C. Excusez du peu !

De Florian nous viennent également un proverbe comme Pour vivre heureux, vivons cachés ou des expressions comme rira bien qui rira le dernier ou éclairer la lanterne. Et on lui doit également la chanson Plaisir d'amour, celui qui ne dure qu'un moment, alors que le chagrin d'amour, lui, dure toute une vie (si on en croit l'auteur).

extrait de Expressio



01/08/2013
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