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Parmi les interactions les plus troublantes entre animaux et humains, des recherches différentes ont conduit à apprendre un langage à un animal. Pour communiquer il faut avoir quelque chose à partager et tous ceux qui se sont lancés sur cette voie n’ont pas connu un succès identique. Seuls ceux qui se sont investis émotionnellement avec les animaux ont obtenu des résultats.

Washoe est une femelle chimpanzé à qui un couple a appris l’ASL, le langage des signes américain. Elle a été élevée comme un enfant sourd. Née en Afrique en 1966 et décédée en 2007 à Washington, elle a marqué irrémédiablement l’histoire scientifique.

Elle vivait avec ses compagnons d’expériences dans un bâtiment construit spécialement pour eux. Ils y utilisent l’ASL pour communiquer entre eux et avec leurs compagnons humains. Washoe par exemple signait pour demander quand il serait l’heure de manger, pour demander qu’on la chatouille ou qu’on lui donne des bananes ou des pommes. Elle a enseigné l’ASL à Loulis qu’on lui a fait adopter après la mort de son propre bébé ainsi que les « bonnes manières » pour un chimpanzé vivant avec les humains. Quand elle était petite, elle signait quand elle jouait à la poupée et a continué ensuite à signer pour elle-même.

KANZI

Kanzi est né en 1980 et a vécu depuis l’âge de 6 mois au centre de recherche sur le langage de l’universté de Géorgie. Sa compréhension du langage humain est évaluée à plus de 500 mots ce qui est l’équivalent de celle d’un enfant de 2 ans et demi. Des lexigrammes sont mis à sa disposition et elle les assemble pour former des phrases et interagir avec les humains.

Panbanisha est la demi-sœur de Kanzi ; elle appartient à la deuxième génération de bonobos élevés par le centre. Les observations sont passionnantes ; par exemple Kanzi et Panbanisha ont traduit aux expérimentateurs ce que « dit » Matara, la mère de Kanzi qui, capturée dans la nature, n’a jamais appris à se servir du tableau des symboles. On peut aussi rappeler le jour où Panbanisha a rappelé à Bill, un chercheur, que ses lunettes étaient sur la machine à laver.

D’autres espèces génétiquement moins proches de l’homme ont fait l’objet d’expériences similaires. C’est le cas de la chienne Sofia à qui des chercheurs brésiliens ont appris à se servir de signaux arbitraires pour communiquer avec les humains et en particulier pour demander différents objets ou activités. Montrant qu’elle pouvait utiliser de manière spontanée les lexigrammes lui permettant d’obtenir ce qu’elle désirait.

Le perroquet Alex décédé en 2007, a lui aussi bouleversé la communauté scientifique. Ce gris du Gabon avait une intelligence estimée comparable à celle d’un enfant de 5 ans. Il connaissait un millier de mots et en utilisait spontanément 150 et pouvait en inventer de nouveaux à partir de ceux qu’il connaissait. Il savait décrire certains objets en fonction  de leur matière et était aussi capable de comparer des choses et dire par exemple laquelle était la plus grosse ou la plus petite. Il possédait aussi un talent particulier pour les mathématiques et savait dénombrer jusqu’à 6 ; il travaillait sur le 7 et le 8 au moment de sa mort.

Quand il en avait assez de travailler il disait « je veux rentrer » pour signifier qu’il voulait rejoindre sa cage. Irène Pepperberg, sa propriétaire avec qui il avait créé des liens très forts a créé une fondation à son nom.

Finalement, ce qui lie ces histoires entre elles et en font tout l’intérêt c’est qu’elles sont plus que des études scientifiques, des histoires d’amitié et d’amour entre chercheurs et les individus auxquels ils se consacrent.

Parce qu’ils ont fait preuve de sensibilité, ce que certains scientifiques refusent de faire, il ont fait des découvertes capitales sur les capacités cognitives des animaux brouillant à tout jamais l’illusoire frontière que certains avaient tenté de tracer entre l’animal et l’humain.