de cris et de coups - Jean Jacques Sempé
Jean-Jacques Sempé, dit Sempé, est un dessinateur humoriste français né le 17 août 1932 à Pessac. Il est notamment l'illustrateur de la série Le Petit Nicolas.
« Mon enfance n'a pas été follement gaie. Elle était même lugubre et un peu tragique », confie Sempé dans un entretien avec Marc Lecarpentier Enfant « naturel », son « père adoptif », « monsieur Sempé », est représentant de commerce. Quand, à bicyclette, il réussit à vendre dans les épiceries de banlieue ses boîtes de pâté, thon, sardines, anchois ou bocaux de cornichons, il va « fêter ça au bistrot du coin » Lorsqu'il rentre, de terribles scènes s'enclenchent entre son père et sa mère, « ils cassent tout, encore une fois, les assiettes, les verres... » et sa demi-sœur et son demi-frère ont des « crises de nerfs » « Toute ma vie – d'enfant – j'ai entendu ma mère faire des reproches à mon père sur le fait qu'il ne trouvait pas de travail autre que le misérable boulot qu'il avait. (...) C'était toujours des bagarres, toujours des disputes, toujours des dettes, toujours des déménagements en vitesse » L'enfant solitaire présente un relatif bégaiement qui l'empêche de prononcer certains mots, et des tics nerveux.
L'école où il se montre chahuteur mais bon en français est un « refuge ». Ses parents n'ayant pas d'argent pour acheter les livres, il n'en a pas, fréquente les colonies de vacances mais n'a pas d'argent non plus pour les sorties organisées.
La radio lui assure également une « survie ». Il y apprend que l'on peut s'exprimer d'une autre façon que dans son milieu, y écoute, vers six ans, l'orchestre de Ray Ventura qui l'enchante, est fasciné plus tard par Aimé Barelli ou Fred Adison
Vers onze ans il lit des romans policiers, Maurice Leblanc, une collection de L'Illustration, les journaux comme Confidences, Nous Deux auxquels les voisines de sa mère sont abonnées, tout ce qu'il trouve - ce qui lui permet de ne plus faire de fautes d'orthographe, parce qu'il veut s'en sortir, gagner sa vie, donner de l'argent à ses parents C'est vers douze ans qu'il commence à réaliser des dessins sans légende, d'emblée humoristiques.
Face à son enfance Jean-Jacques Sempé garde ainsi une attitude ambigüe, des souvenirs de la dureté de sa mère et de ses « torgnoles », de la honte qu'il éprouvait quand elle « se mettait à hurler », jusqu'à ceux de certains « fous rires » quand il se disait : « Je suis chez les fous ! Ils sont complètement fous »
Des décennies plus tard il résume : « Mes parents ont fait ce qu'ils ont pu les pauvres, vraiment. Je ne leur en veux pas une seconde, ils se sont débrouillés comme ils ont pu »
Jean-Jacques Sempé quitte l'école à plus de quatorze ans, étant resté deux ans sans y aller, pendant la guerre, alors qu'il était dans les Pyrénées. Il trouve un emploi de livreur à bicyclette, pendant un an et demi , est en 1950 représentant en dentifrice en poudre puis courtier en vin . Il commence à cette époque sa carrière de dessinateur humoristique dans la presse en plaçant quelques dessins en 1950 dans Sud Ouest qu'il signe d'abord « DRO », de l'anglais « to draw »
Dans le numéro du 29 avril 1951 il publie son premier dessin sous son nom. Peu après il s'engage dans l'armée en falsifiant ses papiers pour masquer son jeune âge. Affecté dans la région parisienne en juillet 1951, il se retrouve souvent en prison, plus par distraction, dit-il, que par indiscipline. « Quand je suis arrivé à Paris, j'ai trouvé les Parisiens très gais. Je venais de Bordeaux où les gens n'étaient pas naturellement souriants. J'ai été tout de suite enchanté par le métro, les autobus, la fièvre de la ville. Et surtout j'ai fait beaucoup de vélo. Pendant trente ans, je suis allé partout en bicyclette ». Sempé a un peu moins de dix-huit ans quand, la même année, il montre ses dessins à un « monsieur Le Louarn » dont on lui a parlé. Celui-ci l'encourage, lui montre quelques-uns de ses propres dessins - c'est Chaval. Il habite alors brièvement la cité des Fusains à Montmartre puis, libéré de ses obligations militaires, rue du Dragon.
Le journal belge de programmes de radio Le Moustique avait agrandi plusieurs dessins publiés par Sempé pour en faire ses couvertures. Il lui demande ensuite de créer un personnage. Sempé propose en 1952 de nouveaux dessins avec un petit garçon qu'il appelle Nicolas, se souvenant d'une publicité de vins vue dans l'autobus. Le directeur du journal l'incitant ensuite à faire une bande dessinée, René Goscinny, qu'il a rencontré au Moustique, l'encourage à reprendre son personnage et lui offre de travailler ensemble, Goscinny signe ainsi en 1954 vingt-huit gags (un par semaine) sous le pseudonyme d'Agostini alors que Sempé garde son nom. Celui-ci ne se sentant pas à l'aise dans le rôle de dessinateur de bande dessinée et Goscinny étant remercié par la direction des éditions Dupuis, le projet est abandonné.
Quelques années plus tard, Sud Ouest souhaitant des textes avec des dessins l'illustrant, les deux auteurs reprennent différemment le projet. La femme du directeur, Alex Grall, des éditions Denoël, ayant vu plusieurs de ces épisodes dans le journal lors d'un séjour à La Rochelle, conseille à son mari de prendre contact avec Sempé et Goscinny qui composeront leur premier album sous le titre Le Petit Nicolas.
« Le Petit Nicolas, c'est d'abord une histoire d'amitié. Nous avons mis nos souvenirs d'enfance en partage. Je racontais à René mes histoires de football, de colonies de vacances, mes chahuts à l'école. Et René Goscinny adorait interpréter ces souvenirs. Partant de ce que je disais, il a brodé tout autour, inventé tous les personnages, imaginé des situations (...) »
En 1953 Sempé publie des dessins dans Le Rire, Noir et Blanc, Ici Paris, en 1954 pour Samedi soir mais aussi France Dimanche. Dans les années suivantes vient le succès avec des collaborations régulières à Paris Match,Il est l'invité de L'Express auquel il donne chaque semaine ses dessins de 1965 à 1975 et dont il est durant une quinzaine de jours l'« envoyé spécial » aux États-Unis en 1969 . Il collaborera également au Figaro, au Nouvel observateur et à Télérama, plus régulièrement dans les années 1980, qui chaque été publie en avant-première l'un de ses albums.
Après le succès du Petit Nicolas, à partir de 1962 (Rien n'est simple), Sempé publie presque chaque année un album de dessins chez Denoël, quarante jusqu'en 2010. Le Petit Nicolas est présent dans plus d'une quarantaine de pays et ses albums de dessins d'humour dans une vingtaine, parmi lesquels l'Allemagne, le Brésil, la Chine, la Corée, les États-Unis, la Grèce, l'Italie, le Japon, la Lettonie et la Russie.
Extrait de wikipédia
Citation : « Il m'a fallu une grande force dans la vie pour dire "Peut-être" quand je pensais "Non", "Nous verrons" quand je pensais "Oui" et "A bientôt" quand je partais pour de bon. »
de Jean-Jacques Sempé
du De bon matin
Extrait de Evène
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