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coin lecture - chienne de vie - dernière partie partie

 

 

Chaussettes surprises

 

 

Juliette et Lucie sont parties à Paris voir une exposition spéciale sur un

peintre, au Louvre. Monique est chez sa mère pour le week-end, avec au

programme : famille – grosse bouffe – apitoiement sur les rhumatismes et

l’arthrose de maman.

 

Le samedi s’annonce calme. Si ce n’est qu’il y a les courses à faire.

 

Je déteste y aller. Fort heureusement, cela arrive assez rarement. Mais au-

jourd’hui, Elle veut m’acheter un collier neuf. Il me faut donc venir pour

l’essayer.

— J’en ai marre de te voir avec ce vieux bandana tout usé ; ne cesse-t-elle

de me répéter.

 

Encore une fois, on ne me demande pas mon avis. Dommage.

 

Je suis toujours sidérée de voir tous ces gens s’enfermer dans un centre

commercial. De  surcroît, un samedi et avec des enfants. Comment peut-

on prendre plaisir à se promener dans un endroit clos, surchauffé l’hiver,

glacé l’été, hyper bruyant et surpeuplé ?

 

Même nous, nous ne pouvons y échapper. Enfin nous, les chiens... Encore

leur bonne conscience…

 

Pour Elle, la sortie centre commercial du samedi n’est pas non plus sa tasse

de thé. Il faut vraiment que ce soit une obligation. Auquel cas, elle préfèrera

largement se réapprovisionner en semaine.

 

Baptisé Babylone, le nôtre est une espèce d’énorme bulle. À l’intérieur se

trouve une place dans laquelle végètent quelques plantes vertes. En son

centre, un grand bassin est peuplé de poissons décolorés par l’eau, dans

lequel parfois les gens jettent mégots et papiers divers. Le pourtour de la

bulle est constitué de magasins, avec un étage auquel on accède par des

escaliers roulants. Je déteste ces appareils ! Je ne sais jamais si j’ai les

quatre pattes sur la même marche… Il m’est arrivé plusieurs fois de me

retrouver à plat ventre à moitié écartelée.

 

Le pire, ce n’est pas l’escalier. C’est de rester attachée dehors, devant le

supermarché. Nous sommes toujours un certain nombre. Et même si nous

sommes proches de la cabine du gardien, j’ai toujours la hantise d’être volée

par quelqu’un. Je me méfie particulièrement des Chinois, à cause de leurs

goûts culinaires. Équipée de mon nouveau collier marron et d’une laisse

classique assortie, vient l’heure de la séparation devant l’entrée interdite.

 

Mon cœur bat comme un fou.

Si Elle ne revenait pas ?

Si Elle m’oubliait là, dans cette foule anonyme ?

Si… si…

C’est une torture.

Je me suis déjà trouvée à côté de congénères qui aboyaient sans cesse. Les

passants nous regardaient de travers.

— Ces sales clébards, ça fait partout et ça aboie tout le temps. Je me de-

mande pourquoi on s’embarrasse de ça : disaient certains.

Il m’est aussi arrivé de me faire tripoter par des mains d’enfants collantes de

sucre ou pleines de chocolat. Ou pire, agressée par un voisin méchant qui

me montrait les dents en grognant ! Quel calvaire, cette attente. Malgré tout,

je préfère ça au fait de me retrouver seule. Se voir attachée à un anneau,

sans aucun autre chien en ayant l’impression d’être une tâche sur un tapis,

c’est carrément l’angoisse !

 

Mais aujourd’hui, je ne serais pas seule. Deux occupent déjà la place. Un

énorme dort à côté d’un autre. D’à peu près ma taille, marron, aux poils

courts et dans le style pur bâtard, il a l’air sympa.

— Je vais te mettre là, Noirette. À côté de ce gentil chien marron. T’as l’air

d’un bon chien toi ? À tout de suite, Noirette. Ne bouge pas.

Tandis qu’elle s’éloigne avec son caddy, j’entends mon cœur tomber en

morceaux dans ma poitrine.

— Salut, Noirette. Noirette, c’est marrant comme nom. Ça rime avec bou-

lette, croquette…

Voilà que mon voisin d’anneau a des envies de conversation.

— Eh Noirette ! T’es sourde ?

— Oh ça va ! J’ai entendu. Merci pour tes réflexions. Pas la peine de te

fiche de moi et de mon nom. T’en as bien un, toi aussi ? Attends, laisse-moi

deviner. Médor, Félix ou Gaspard ?

— Pas du tout, je n’ai pas de nom particulier. Il m’appelle Le Chien ou Mon

Pote.

— Le Chien, ce n’est pas un nom. Pas plus que Mon pote. Tu vis où, chez

des Martiens ?

— C’est comme ça. Et franchement, je préfère. Ça me permet de garder

mon identité.

C’est bizarre quand même. Un chien qui s’appelle Le Chien.

— Dis-moi, Le Chien. Comment elle est, ta famille ?

— Ce n’est pas une famille. Nous, on est célibataires et bien contents de

l’être. Les filles sont trop compliquées.

— Attends un peu. Que veux-tu dire, par compliquées ?

— Ça veut dire qu’il en a rencontré et que ça ne marche pas. Pourtant, je

t’assure qu’il est cool, sympa et gentil. Ce n’est pas un type à problèmes,

bien au contraire. Il ne cherche pas la perle rare, mais juste une nana comme

lui, simple, gentille, qui sache rester elle-même. Mais franchement, ce n’est

pas facile… Il dit qu’il cherche « chaussure à son pied » ! C’est drôle, non ?

Comment ? Une Chaussettes qui cherche une Chaussure ? Celui-là, il est

spécial !

— Il est comment, physiquement ?

— Je ne sais pas moi. Je dirais grand, charmant avec de très beaux yeux. J’ai

entendu à plusieurs reprises des filles dire combien il est craquant.

— Côté cuisine, il est exigeant ? Qu'est-ce qu’il mange ? Il aime la bière ?

Les margaritas ? Il fume ? Il va aux manifs ? Il fait beaucoup de sport ?

— Oh, stop ! T’es un chien de la police ou quoi ? T’en as encore beaucoup,

des questions ? Être attaché n’est déjà pas bien drôle. Mais avec toi en

prime, ça devient un supplice. Bon. Il aime la bière, pour tes trucs en « a » je

ne sais pas, on ne connaît pas ! Il fume des Gauloises et ne va pas aux ma-

nifs. Il mange normalement, des surgelés ou des steaks. Enfin, rien de spé-

cial. Voilà, t’es contente ?

Pour les margaritas, pas de problème. On verra ça plus tard, ce n’est pas

l’essentiel. Par contre, le reste du tableau est alléchant. Mon cerveau tra-

vaille à toute vitesse et je n’ose même pas m’avouer à quoi je pense.

— Dis donc, Noirette les questions. Tu ne serais pas pure race, toi ? Du

genre, un peu chienne chicos.

— Tu me redis chicos et je te mords, OK ? Je n’ai pas le temps de te racon-

ter ma vie tout de suite, car j’ai autre chose en tête. Mais tu serais surpris.

Moi, je suis passée par la S.P.A., monsieur Le Chien. Alors tu vois, pure

race ou pas, ça n’évite pas les galères !

— Ça alors ! Figure-toi que j’ai été trouvé à huit mois attaché avec une

ficelle à une grosse poubelle dans la rue ! Lui, il sortait d’un bar avec des

copains, il faisait nuit depuis longtemps. Je n’ai jamais regretté qu’il me

ramène chez lui. C’est vraiment le bonheur. J’ai mon jardin, mon ballon...

Eh oui ! Nous, on joue au foot et je suis vachement bon dans les buts. On

fait terrasse sur le port, on se promène sur la plage et ses copains m’adorent

!— Il en a combien, des copains ? Trois, ça m’arrangerait.

 — Il n’en a que deux. Mais des vrais, des fidèles. Ils se voient souvent et

font pleins de trucs ensemble !

— Bon. Deux, ça ne m’arrange pas trop avec ce qui germe dans ma tête.

Mais je ne peux pas être partout !

 

Ils me plaisent bien tous les deux ! Ce chien a du caractère et physiquement

c’est mon style. Il n’est pas très massif. Mais plutôt mignon. En ce qui

concerne son propriétaire, celui-là n’a pas l’air mal non plus. En tout cas, ce

qu’il en dit est séduisant. Mais bon, les relations hommes/femmes, on ne sait

jamais vraiment comment ça va se passer.

— Pour tout te dire, me trotte dans la tête une idée folle, complètement folle

! Depuis combien de temps ton maître est-il parti ?

— Lorsque tu es arrivée, j’étais là depuis cinq minutes à peu près. Pourquoi

?

— Pour rien, juste pour savoir.

 

Les idées se bousculent dans tous les sens. Tout va vite, trop vite ! À tel

point que je n’arrive pas à les organiser. Bon, calme-toi Noirette. Réfléchis.

Ils sont donc partis faire leurs courses pratiquement en même temps. Ils sont

célibataires. Ils savent donc ce qu’ils veulent et on peut supposer qu’ils

achètent presque la même chose. Ils devraient mettre à peu près le même

temps. Ma théorie tient debout. Oui, mais supposons que l’un des deux

rencontre quelqu’un qu’il connaît ? Ou qu’il égare son caddy dans une allée

?

— Alors, Noirette. On fait une pause ? Tu n’as plus rien à dire ? T’es déjà

fatiguée de ma compagnie ?

— En ce moment, il est libre ou il a une copine ?

— Qu’est ce que ça peut te faire ? Tu veux le draguer ou quoi ? Parle-moi

plutôt de toi. Tu sais, je te trouve très chouette. Et je ne dis pas ça tous les

jours !

— Moi aussi, je te trouve très chouette.

Trop tard, c’est lâché. Mais qu'est-ce qu’il m’arrive ? Il faut te reprendre

Noirette !

— Tu crois qu’on se reverra, madame les questions ? Vous venez tous les

samedis ?

Si j’arrive à aligner et à ordonner mes idées, on va se revoir, ça c’est sûr !

 

Un plan, il me faut un plan. Mais lequel ? Que faire dans une telle situation

? Après le trop-plein, le vide. Ma tête est vide… Ah non, pas ça ! Vite, une

idée. Rien qu’une ! Mais rien n’arrive… Ma gamelle est vide.

Monique répète souvent : s’il y a un Dieu… Eh bien voilà, s’il y existe un

Dieu des chiens, c’est le moment. Envoyez-moi une idée géniale !

Mais de quoi je me mêle ? Ai-je le droit de provoquer cette rencontre ? Ce

serait si simple de ne rien faire. Après tout, je ne le connais pas ce type. Je

ne sais même pas s’il porte des chaussettes ! Je n’ose pas le demander à Le

Chien, il va me prendre pour une folle. De toute façon, le choix des précé-

dentes chaussettes a été si peu positif que cela ne pourra jamais être pire. En

plus, Elle a pris du recul. Et avec toutes ses expériences, Elle saura gérer.

Faisons-lui confiance.

 

Le moment est venu de prendre des risques pour Elle. Je désire tant lui

montrer mon attachement et l’aider à être heureuse. Mais est-ce le rôle d’un

chien ? Nous sommes des animaux de compagnie, dociles et passifs. Mais

me voici sur le point de jouer l’entremetteuse ? Où ai-je la tête ? Ce n’est

pas le moment de philosopher. Je m’égare et le temps passe. Agir. Il faut

agir et vite. Mais comment ?

— Tiens, tu vas le rencontrer ! reprend Le Chien. Tu vois le type, en tee-

shirt bleu avec le jean ? C’est lui !

Catastrophe, il arrive. Poussant son caddy, je l’aperçois enfin. Charmant, lui

? Il est carrément canon, comme dirait Lucie ! Ce n’est pas vrai, je rêve, Elle

se trouve cinq mètres derrière. Ils arrivent ! Vite, le temps presse…

— Eh, Le Chien. Approche-toi, vite !

— Ah, ah ! On veut un petit bisou ?

— Arrête tes bêtises. Tire sur ta laisse et approche-toi.

— Les ordres, je n’ai pas trop l’habitude. Qu’est-ce qu’il t’arrive ?

— Ne discute pas, tu comprendras plus tard ! C’est une surprise.

— Ah ! Si c’est une surprise, ça change tout. Me voilà.

Je les vois se rapprocher. À présent, ils sont presque au coude à coude.

— Mais qu'est-ce que tu fais, Noirette ? Arrête ça tout de suite. Nos laisses

sont tout emmêlées ! Tu es folle ? Arrête je te dis, ça me fait mal au cou !

Nous sommes nez contre nez, coincés l’un contre l’autre et sans espace pour

bouger.

— Maintenant Le Chien, mords-moi l’oreille ! Et ne t’affole pas si je gémis,

OK ? Allez, vite. Mords !

 — Tu n’aurais pas un peu abusé des croquet-tes toi ce matin ? Je n’ai jamais

mordu qui que ce soit et je ne vais sûrement pas commencer avec toi que

j’aimerais plutôt lécher gentiment.

— Fais ce que je te dis. Mords et moi je vais tirer. Si ça saigne, pas de pa-

nique, ce ne sera pas grave. Mords bon sang ! Vite !

— Je ne peux pas. Non, ce n’est pas possible.

— Si tu ne me mords pas, je te promets que je refais encore un tour, je me

glisse sous tes pattes et je t’étrangle. Je te jure, je le fais !

— Cette chienne est folle ! Je ne sais pas pourquoi tu fais ça, mais je sup-

pose, ou plutôt j’espère que tu as une bonne raison. Bon, je ne pince pas

fort, je fais comme si ! Et c’est bien pour te faire plaisir. Toi alors, tu es

vraiment particulière… Et j’aime ça.

Le voilà qui me saisit enfin l’oreille. De mon côté, je tire en gémissant.

N’oublions pas que je suis une pro ! De loin, le spectacle ne doit pas laisser

de doute et l’un comme l’autre ne doit y voir qu’une seule chose : deux

chiens emmêlés, qui se battent.

— Noirette ! Noirette !

— Eh Le Chien, lâche-la. Lâche-la tout de suite !

 

Elle abandonne son caddy tandis que lui pousse le sien comme un fou. Ils

sont là, chacun essayant de calmer le jeu et de récupérer son chien.

— Noirette ! Oh ma belle, tu n’as pas trop mal ? Fais-moi voir ton oreille ?

Tu as mal ailleurs ?

— Le Chien, mais qu'est-ce qui t’a pris ? Tu es devenu fou ? Qu’est-ce que

c’est que ce comportement de sauvage ?

 

J’espère qu’il ne va pas le frapper. Ce serait vraiment injuste.

 

— Je suis désolé, mademoiselle. Je ne sais pas ce qu’il lui est passé par la

tête, il n’est pas méchant d’habitude. C’est la première fois qu’il agresse un

autre chien. Vraiment, je ne comprends pas. Il est toujours si gentil.

— Écoutez, je crois qu’il y a plus de peur que de mal. Ça saigne un peu,

mais je pense que c’est juste superficiel. Elle ne semble pas trop souffrir.

— Ça saigne. Tu entends ça, Le Chien ? Elle saigne, la petite !

— Je vais m’arrêter chez le véto en rentrant pour plus de sécurité.

Honteuse de mon comportement, je reste dans ses bras, jouant parfaitement

mon rôle. Les remords, ce sera pour plus tard. Il y a plus important pour

l’instant.

 

À nouveau, je le regarde. C’est vrai qu’il est beau. Il a l’air doux et gentil.

Surtout, il n’a pas frappé Le Chien et ça, c’est un super bon point ! Je

penche ma tête, juste pour voir. Et là, mes repères s’écroulent : il ne porte

pas de chaussettes !

Elle me caresse, me tient serrée contre sa poitrine et je la sens trembler. Elle

est toute pâle. Ses lèvres sont presque blanches.

— Ça va aller, mademoiselle ? Laissez-moi vous offrir un café, le temps de

vous remettre.

— Merci, mais je vais bien. J’ai eu juste très peur et puis je veux passer chez

le véto.

— Attendez, je ne peux pas vous laisser partir comme ça. Je suis tellement

navré de ce qui est arrivé. Je vous propose la chose suivante : je vais vous

aider à mettre la petite sur le siège arrière de ma voiture. Je charge mes

courses et nous allons chez le véto ensemble. Il y en a un près d’ici. Allez,

dites oui. J’ai vraiment besoin de me faire pardonner. Je vous ramènerai

ensuite à votre voiture, promis. Soyez sympa, dites oui. Je suis tellement

embêté par cette histoire.

— Et mon caddy ?

— Quoi, votre caddy ?

— Je l’ai lâché en apercevant Noirette et votre chien, mais je ne sais pas où.

— Je suis navré, mais il n’y a pas de caddy. D'ailleurs, la place est presque

vide.

— En plus, on m’a volé mon caddy. C’est le bouquet ! Quelle journée…

— Écoutez. Allons chez le véto et ensuite, si tout va bien pour votre

chienne, je vous invite à dîner à la maison. Ce sera improvisé. Sûrement

pizzas et bière. Après quoi, je vous ramènerai, promis. De toute façon, je

travaille demain de bonne heure. Ça vous va ?

— C’est gentil, mais je ne vous connais pas. Enfin, ce n’est pas dans mes

habitudes. Je ne sais pas trop. Vous travaillez demain, un dimanche ?

— Oui, j’ouvre à 9 heures et mon accrochage n’est pas fini. Je tiens la gale-

rie L’Art du temps sur le port ; à côté du Jardin des thés. Vous savez, le bar

avec le jardin derrière…

— Je connais. J’y vais souvent avec Noirette. La galerie ? Ah oui, bien sûr...

C’est donc chez vous que j’ai vu cette magnifique expo de papyrus égyp-

tiens ? Superbe, vraiment superbe ! J’ai discuté un long moment avec votre

femme. Quelqu’un de très sympa et même charmant ! Elle m’a offert une

affiche de l’expo.

— Ce n’est pas ma femme. C’est Amélie, ma sœur.

 

Tout ça c’est très bien et dépasse même mes espérances. Mais je saigne, au

cas où cela intéresserait encore quelqu’un. Ce n’est certes pas une hémorra-

gie, mais je suis toujours là avec l’oreille en vrac. Quelques gémissements

me semblent donc plus que nécessaires !

 

En vérité, je suis très contente qu’Elle m’ait oubliée. C’est un très bon signe

! Je regarde Le Chien qui joue le malheureux qui regrette. Il me cligne de

l’œil, il a tout compris ! Oh, il me plaît celui-là. Qu’ils me plaisent tous les

deux…

— Alors, ce dîner ? On y va ? Il faudrait faire vite pour le véto.

Faire vite... Ah, quand même ! Ils parlent depuis dix minutes au moins.

— Encore merci, mais je dois vous dire non. Ce n’est pas mon genre de

dîner avec un inconnu.

— Un inconnu ? Vous savez où je travaille, vous connaissez ma sœur, qui

entre nous va sûrement passer et s’inviter. Nos chiens sont restés emmêlés

pendant je ne sais combien de temps et le mien a même mordu le vôtre.

Vous ne trouvez pas que ça crée des liens, tout ça ? En plus, on vous a volé

votre caddy. Donc plus de dîner. Allez, dites oui, s’il vous plaît.

 

Allez, dis oui. Que je n’ai pas fait tout ça pour rien ! Je vais peut-être rester

handicapée de l’oreille. Qui sait ? La morsure risque de s’infecter et on

devra me la couper. Je suis épuisée et j’ai tout de même un tout petit mal.

Dis oui ! S’il te plaît…

 

Elle hésite, le regarde et sourit maladroitement. Puis, me regarde.

— Bon, c’est d’accord. Mais on fonce d’abord chez le véto.

— Bien sûr. Le temps de vider les courses dans ma voiture… Allez Le

Chien, viens. On reparlera de tout ça en tête à tête. Je ne me suis même pas

présenté, je m’appelle François. François Le Bon.

 

FIN

 

 

 

 

 



24/06/2012
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